La Norvège est sur le point d’atteindre son objectif ambitieux de ne vendre que des voitures à émissions nulles dès 2025. En janvier, les véhicules tout-électriques ont représenté 95,8 % des nouvelles immatriculations, un record mondial sans précédent. Ce résultat marque une étape cruciale dans la transition du pays vers une mobilité durable, confirmant son statut de leader en matière d’électrification automobile.
Le mois dernier, 9 343 voitures ont été vendues en Norvège, dont 8 954 étaient tout-électriques, selon le Conseil norvégien d’information sur le trafic routier (OFV). En comparaison, la part des véhicules électriques en Europe était de seulement 13,6 % en 2024, selon l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Fait remarquable, parmi les 50 modèles les plus vendus en Norvège, seuls deux n’étaient pas tout-électriques, et le premier modèle thermique se plaçait seulement en 33e position.
Face à cette révolution, Tesla, longtemps leader de l’électrification en Norvège, a perdu sa première place au profit de Volkswagen et Toyota. Si aucune preuve ne relie directement cette baisse aux prises de position controversées d’Elon Musk, une étude récente menée en Suède voisine révèle une détérioration de l’image de la marque. Selon une enquête de Novus réalisée à la mi-janvier, 69 % des 1 002 sondés avaient une opinion négative de Musk, et 47 % partageaient cette opinion à l’égard de Tesla, contre seulement 10 % et 19 % d’avis positifs respectivement.
Une politique incitative plûtôt qu’interdiction
Contrairement à l’Union européenne, qui a opté pour l’interdiction progressive des moteurs thermiques, la Norvège a choisi d’encourager l’adoption des véhicules électriques par un système d’incitations fiscales attractives. Les voitures électriques sont largement exemptées de taxes, tandis que les modèles thermiques sont lourdement imposés, rendant les premiers plus compétitifs sur le plan financier. De plus, les conducteurs de véhicules électriques ont longtemps profité d’avantages supplémentaires, tels que la gratuité des péages urbains et du stationnement ou encore l’accès aux couloirs de bus.
Bien que certains de ces privilèges aient été réduits au fil du temps, l’adhésion massive au tout-électrique est désormais ancrée dans les habitudes des Norvégiens. Frode Hvattum, propriétaire de deux voitures électriques, explique que son choix était d’abord motivé par des considérations environnementales et climatiques, mais aussi par les nombreux avantages pratiques qui en découlent.
Une infrastructure adaptée aux besoins
Pour pallier l’angoisse de l’autonomie (“rekkeviddeangst”), la Norvège a massivement investi dans un réseau de chargeurs ultra-rapides couvrant l’ensemble du territoire, facilitant ainsi les longs trajets, notamment vers les chalets de montagne, très prisés par les habitants. « C’est beaucoup plus simple aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de planifier nos trajets avec autant de précaution qu’avant », assure Frode Hvattum.
Un objectif presque atteint
Si la part du tout-électrique ne devrait pas atteindre exactement 100 % en 2025, les experts considèrent que l’objectif sera tout de même rempli. « Nous devrions finir l’année entre 95 et 100 %, et même dans la fourchette haute », prédit Christina Bu, secrétaire générale de l’Association norvégienne des véhicules électriques.
Cette tendance devrait s’accélérer avec l’alourdissement de la fiscalité sur les moteurs thermiques et hybrides rechargeables à partir du 1er avril. Déjà, en janvier, le diesel ne représentait que 1,5 % des nouvelles immatriculations et l’essence seulement 0,4 %.
Malgré ces succès, Christina Bu prévient que les autorités ne doivent pas relâcher leurs efforts. « Les avantages à l’usage doivent être maintenus, notamment les réductions sur les péages urbains, pour que la transition vers l’électrique touche également le marché de l’occasion », insiste-t-elle.
Enfin, si la majorité des acheteurs de véhicules thermiques en janvier étaient des compagnies de location, des auto-écoles ou des collectivités, certains conducteurs continuent de préférer les moteurs à combustion pour des raisons pratiques. « Dans les régions où les distances sont grandes et les conditions climatiques difficiles, l’usage des véhicules thermiques reste rassurant », conclut Nils Sødal, porte-parole de l’Association norvégienne de l’automobile (NAF).